Palestine me voilà ! : Saison 1 épisode 1
Mai 2004, dans mon RER, les yeux rempli de larmes, je lis le cri des oliviers de Sumaya Farhat-Naser… Ce n’est pas mon premier livre sur la Palestine. Depuis quelques semaines, je les enchaîne ; le parfum de notre terre de Kenizé Mourad, correspondante à Ramallah d’Amira Hass, le mariage de la paix d’Evi Guggenheim Shbeta et d’Eyas Shbeta, histoire d’un Palestinien de Didier Destreneau.
Autant de livres qui font naître en moi une sensation de besoin, besoin vitale de voir ce qui se passe là bas de mes propres yeux, d’être au plus proche de cette population.
Moi qui suis si petite encore (dans ma tête) et qui manque cruellement d’initiative, je me décide.. Il faut que je parte en Palestine.
Personne pour m’accompagner ? Tant pis j’irai seule, je me débrouillerai.
Je commence à me renseigner un peu partout. Au détour d’une réunion associative, j’entends derrière moi une jeune femme qui raconte son voyage là bas. Ni une ni deux je me retourne, incruste son visage dans ma mémoire et me retourne. A la fin de la réunion je vais la voir. Elle me conseille une association, me donne le numéro et m’explique le principe des missions civiles. Ca y est, je l’ai cette information si précieuse qui me fera partir. Je repars de cette réunion avec un large sourire et une petite boule au ventre de ce voyage qui se prépare doucement à l’horizon.
Juillet 2004, le rendez-vous est pris avec une dame pour un entretien avant l’intégration à la mission civile. Mon cœur s’emballe, j’imagine un entretien strict où on me questionnera sur les dates importantes de l’histoire de la Palestine où on me demandera de raconter l’histoire de résistants, de présidents. Alors je révise, j’essaye d’apprendre. Au final cet entretien n’aura été qu’amical pour me connaître un peu mieux et m’expliquer dans quelle mission je serai intégré.
Je sais maintenant que ma mission se déroulera fin octobre pour aider les Palestiniens à la cueillette des olives. J’ai mon cœur qui s’emballe a l’idée de partir si loin, seule mais je suis tellement pressée de les rencontrer, de voir leurs quotidien et surtout de retrouver les ambiances de mes livres.
L’été passe avec ce doux sentiment que bientôt je serai différente, avec cette fierté de dire aux gens que oui, Moi, Marie, je pars en Palestine !
Mi octobre la journée de formation me fait rencontrer mon groupe. Entre temps je me suis reconvertie à l’Islam et je découvre avec plaisir deux sœurs musulmane dans le groupe.
Ma reconversion à l’Islam ne s’est pas faite en quelques mois contrairement à mon voyage en Palestine mais ce fût un choix mûrement réfléchi depuis déjà plusieurs années.
Au cours de cette formation j’apprendrais qu’il vaut mieux voyager seule pour éviter que l’on nous suspecte à l’arrivée à tel aviv, qu’il faut que je me prépare une excuse bidon pour leur interrogatoire, prévoir un faux circuit, une fausse réservation d’hôtel pour que ces israéliens ne nous soupçonnent pas d’aller en territoire Palestinien sinon cela peut durer des heures et même nous reconduire en France illico presto.
J’apprendrais aussi que tout au long de mon voyage jusqu’à ce que je retrouve mon groupe à Jérusalem je ne dois parler à personne. Etre sur la défensive et soupçonner toute personne trop amicale de collaborer avec les compagnies israéliennes.
Comme si nous étions dans l’illégalité, tous, nous préparons nos voyages et nos mensonges pour que la douane nous laisse passer.
Je prends note des numéros et noms des gens de mon groupe, des contacts sur place (tout cela qui doit être envoyé par mail et surtout pas garder sur nous).
On nous annonce : pour nous ce sera mission 94 en direction de Beit Furik, Beit Jela et Hussein.. des noms qui résonnent dans ma tête.
Octobre 2004, plus rien ne compte que ce voyage et ce doux changement qui s’opère en moi car oui ma reconversion et ce voyage à une semaine d’intervalle vont bel et bien changé beaucoup de choses. Je ne m’en aperçois pas sur le moment parce que je suis dans le feu de l’action mais j’en connais une qui l’avait vu venir (elle se reconnaîtra) et me mettait en garde contre ce gros bouleversement qui arrivait. De nouveaux sentiments, une envie de découvrir un autre monde, d’autres idées, d’autres gens..
J’attend le jour J ou enfin je l’espère je foulerai la terre de Palestine..inshaAllah..
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F93%2F43%2F745646%2F71086405_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F52%2F29%2F745646%2F71086332_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F05%2F82%2F745646%2F70952416_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F13%2F76%2F745646%2F70952061_o.jpg)